
Directrice générale – Associée
Il y a quelques jours, une gestionnaire me confiait : « Je ne comprends pas. Ça fait trois jours que je suis en congé et j’ai encore l’impression d’avoir la tête dans le guidon. Mon équipe n’a pas besoin de moi, tout roule, mais je n’arrive pas à décrocher. »
Cette phrase m’est restée « accrochée ».
Parce qu’elle dit quelque chose de nous. De notre rapport au temps. De cette difficulté à changer de vitesse. À passer d’un état à l’autre.
Et si on se préparait à l’atterrissage ?
Dans nos formations, nous prenons toujours soin de préparer nos participants à leur retour. Pendant trois jours, ensemble, on a ralenti. On s’est créé un espace. Une bulle. Et maintenant ? Il faut replonger dans un rythme qui ne nous a pas attendus. Embarquer dans un train déjà en marche.
Parfois, c’est un décalage cognitif.
Mais curieusement, quand ces mêmes gestionnaires sont arrivés à leur retraite de développement du leadership 3 jours auparavant, ils ont aussi dû prendre le temps d’atterrir. Passer de l’état de course à l’état de ralentissement. Et dans ce cas aussi, cette transition demande du temps.
Comme si l’architecture même de nos transitions professionnelles demandait un sas de décompression.
Parce qu’on ne passe pas de 100 à 0 en claquant des doigts…
Avant de savourer un café sur une terrasse, on repense encore à l’équipe qu’on a laissée derrière. On vérifie nos courriels « juste au cas où ». On planifie mentalement la prochaine réunion en étalant la crème solaire. On se culpabilise de ne pas être « déjà » en mode vacances.
Comme s’il s’agissait d’une dissonance entre nos attentes et notre réalité physiologique.
Et si on était simplement en sevrage d’adrénaline ? En période de turbulences pour atterrir dans nos vacances ?
L’art de l’atterrissage en douceur.
Peut-être qu’il nous faut prévoir ce sas. Ces quelques jours où on n’est ni complètement au travail, ni complètement en vacances. Ces moments suspendus où on se donne le droit d’être entre deux états.
Et à notre retour ? Même chose.
Prévoir un autre atterrissage. Se laisser le temps de décrocher… des vacances. De renouer avec le rythme, sans violence. Sans exiger de nous-même d’être opérationnels dès la première minute.
Nos conditions d’atterrissage.
Alors, en cette période estivale qui s’amorce, je vous pose cette question :
Quelles sont vos conditions nécessaires pour un atterrissage en douceur vers vos vacances ? Et pour votre retour ?
Peut-être que c’est de créer des rituels de fermeture qui marquent symboliquement la transition (fermer physiquement son ordinateur, écrire ses dernières pensées professionnelles sur papier, ou se donner un moment pour observer son espace de travail une dernière fois). Peut-être que c’est d’identifier vos signaux internes de déconnexion plutôt que les indicateurs externes (remarquer quand votre respiration se ralentit, quand vos épaules se détendent, quand votre regard s’attarde enfin sur le paysage). Ou encore, reconnaître vos patterns de résistance au lâcher-prise (cette compulsion à vérifier une dernière fois, ce besoin de contrôler à distance, cette difficulté à faire confiance au temps qui passe sans vous).
Parce qu’un changement d’état, c’est un processus d’adaptation qui mérite d’être conscientisé. Avec intention. Et douceur envers soi-même.
Notre atterrissage à nous
D’ailleurs, nous aussi, nous prenons le temps d’atterrir.
Cet été, nous passons en mode allégé. Nous gardons un œil sur nos courriels, mais nos délais de réponse seront un peu plus longs. Nous nous donnons, nous aussi, ce droit à la décompression.
Parce que nous croyons que pour mieux vous accompagner à la rentrée, nous devons d’abord prendre soin de nos propres atterrissages.
Alors, bon été. Bonnes turbulences. Et surtout, bon atterrissage.
En douceur.
Cela vous parle ? Nous lirons vos réponses avec toute l’attention qu’elles méritent… à notre retour.
Carolyne Cloutier, Directrice générale – Associée